mardi 22 février 2011

8. La Guerre

Comme j’allais bientôt le redécouvrir, le problème avec les endroits où l’on regroupe un tas de filles – comme la blogo beauté – c’est que ça devient vite un nid de vipères. Parfois, on apprend des choses qui vous laisse stupéfaite – pour rester polie – comme d’apprendre que machine là-bas, elle a dit que t’avais raconté ça sur Machine, c’est vrai ? Une vraie cours de récré, on pourrait croire que les filles ne grandissent jamais, elles continuent à se tirer dans les pattes comme des gamines, jamais face à face, non c’est tellement plus facile d’aller raconter des choses à quelqu’un d’autre, en espérant presque que la personne visée n’en saura jamais rien ou du moins qu’elle n’en apprendra pas l’origine.

Tant qu’on est nouvelle sur la blogo, qu’on blogue tranquillement de son côté sans parler à personne, on ne se rend pas compte. D’un œil extérieur, on dirait que seules les « Influentes », entendez par là les blogueuses les plus connues, se tapent entre elles ou se font taper dessus. C’est d’ailleurs assez impressionnant les passions que peuvent déchainer quelques mots mal placés, mal tournés, parfois une simple bourde qui prend une ampleur démesurée. Il y a aussi les blogueuses très maladroites, qui répliquent qu’elles sont sur leur blog et qu’elles font ce qu’elles veulent, si elles veulent y critiquer Machine ou Machin, elles sont en droit de le faire. Admettons… il ne faut toutefois parfois pas oublier les règles élémentaires de politesse, de nétiquette, et que notre liberté s’arrête là où celle des autres commence… Bref si on insulte/dit du mal de quelqu’un sur son blog, surtout quand il s’agit d’une blogueuse un peu connue, ça dégénère rapidement, car si la blogueuse elle-même ne réagit pas – soit parce qu’elle estime qu’il ne vaut mieux pas, soit parce qu’elle estime ne pas être touchée par tant de bassesse – ses lectrices pourraient bien, elles, vous déclarer la guerre.

Mais… dans les basses sphères de la blogosphère, on assiste à de petites guerres intestines également, au-delà des Reines, la cour tente aussi de s’entretuer…

Et là, on tombe parfois de haut, en apprenant que Unetelle, avec qui on avait pourtant eu une discussion absolument sympathique deux mois plus tôt, de dix minutes à peine, en révélant très peu sur soit, ne peut pas te voir en peinture et déblatère tout un tas d’ignominies à ton sujet, montant tout un groupe de filles, à qui tu n’as même jamais adressé la parole – parce que tu ne les as pas dans tes contacts, voir que tu ne connais pas leur blog – contre toi.

C’est ce qui était arrivé… et j’étais furieuse. J’avais eu le malheur de discuter avec une autre blogueuse quelques mois plus tôt. Comme moi, son blog était relativement jeune, bien que plus fréquenté, et elle recevait quelques produits à tester, qu’elle mettait ensuite en valeur sur son blog. Naturellement, la conversation avait un peu dévié là-dessus, j’avais raconté mes mésaventures avec le concours, etc… Nous avions pris l’habitude de discuter un peu quotidiennement, surtout à propos des blogs, échangeant des anecdotes, et même quelques conseils…

Et depuis une bonne semaine, elle avait décidé de m’ignorer totalement, quelques-uns de mes contacts blogueuses sur twitter en faisaient de même. Je me fis même violemment jeter lors d’une conversation pour avoir posé une question qui me semblait tout à fait anodine. Je commençais par me dire que c’était sans doute mon imagination, mais cela continua et je fini par localisation la « source » de tout ceci : la demoiselle avait qui j’avais pas mal discuté. Les deux ou trois autres filles, je les connaissais tout juste, je leur avais parlé une fois de temps en temps, surtout pour adresser un bonjour, répondre à une question, rien de plus… 

Je songeais à tout ce qu’elle avait pu me dire à propos d’autres blogueuses, aux critiques qu’elle avait lancées contre certaines d’entre elles – dont une, qui si on l’écoutait à présent, était sa meilleure amie – et me dit que j’avais tout de même un sacré arsenal à disposition pour lui faire le même genre de coup… Si ce n’est que ce n’était pas mon genre. Je n’aimais pas tellement les coups de poignards dans le dos. J’avais toujours eu d’avantage d’amis que d’amies, j’avais grandi en préférant griffer et donner des coups de pieds à mes petits camarades de primaire plutôt que d’aller raconter qu’ils m’avaient insultée ou faite tomber à la maîtresse. J’étais une fille plutôt franche – ce qui m’attirait parfois des inimitiées je vous l’accorde – qui disait ce qu’elle pensait, bien en face, surtout pas par intermédiaires et dans le dos des gens…

Je voyais en tout cas la blogo d’un œil tout neuf ce jour-là, sous un angle que je n’aimais pas beaucoup et qui me fit me poser un bon nombre de questions…

mardi 15 février 2011

7. Le Concours

Les occasions que j’avais de retourner sur Paris, étaient  aussi souvent l’occasion de relativiser. Cette ville m’épuise, j’y avais vécu la majeure partie de ma vie, mais aujourd’hui, j’étais parfaitement bien là ou je me trouvais. Sans compter que le climat était bien meilleur.

Je n’avais quasiment pas consulté mes mails durant ces quelques jours et retrouvais ma boite aux lettres pleine à craquer, en partie de spams, que je supprimais rapidement afin d’y voir un peu plus clair. Je souris en voyant les en-têtes de certains mails et ouvrit rapidement ceux des marques que j’avais contactées pour lancer un concours sur mon blog. Des réponses positives pour la plupart. J’étais assez contente, en revanche, erreur de débutante, j’avais demandé à ce que les produits me soient envoyés directement pour les premiers, au lieu de demander à ce que les marques les envoient directement aux gagnantes. Je n’avais pas pensé aux nombreux frais de ports que je risquais d’avoir. Mais tant pis c’était trop tard. J’avais corrigé le titre sur les derniers lots. 

J’étais partie pour une semaine de concours. J’avais déjà réfléchi à propos de la façon dont j’allais faire les choses, chaque jour, une marque, trois questions concernant celle-ci, avec des indices, la possibilité d’avoir des « points » en plus si on partageait via son blog, facebook ou twitter, et le formulaire google, qui serait plus pratique que les commentaires de mon blog.

Le premier jour de concours se lança facilement. Je fus surprise, à la fin de cette première journée, du nombre d’inscription via le formulaire, je n’avais pas imaginé que le concours pouvait apporter une telle visibilité à mon blog. En revanche, j’étais également stupéfaite du nombre de réponse à côté de la plaque dans le formulaire. Certaines des réponses se trouvaient dans l’article même que j’avais rédigé pour parler du concours et les réponses étaient donc évidente, c’était tout juste si je ne les avait pas surlignées en gras dans l’article. Et pourtant les réponses de certaines participantes avaient l’air d’avoir été balancées au hasard, comme si on participait pour participer mais que cela n’avait aucune importance. Heureusement, il s’agissait d’une minorité de lectrices. 

Je soupirais le soir en rédigeant l’article du second concours, que je lancerais le lendemain, en espérant que mes lectrices seraient un peu plus attentives aux questions posées, mais aussi au règlement du concours, j’avais demandé une inscription sur le tout premier billet expliquant le règlement, car je comptais faire un tirage au sort final ou une lectrice remporterait un gros lot composé de tous les produits proposés au court de la semaine. Cela permettait ainsi de valider les participations, un grand nombre de lectrices ne l’avaient pas fait.

Le second jour se passa à l’identique, des lectrices qui n’avaient pas lu les questions, d’autres qui ne s’étaient pas inscrites, je décidais de passer outre et de laisser tomber. Au mardi soir, j’effectuais mon premier tri et le tirage au sort du premier jour de concours. Après quelques heures de publication de l’annonce des résultats, ce fut un premier chaos. Quelques participantes vinrent se plaindre d’avoir été volontairement écartées de la liste dans laquelle j’avais fait mon tirage au sort,  hors, après vérification, elles avaient bien répondu faux aux questions, ou ne s’étaient pas inscrites au premier article, comme demandé… Je répondis le plus patiemment à chacune et passait mon chemin… A la fin de la semaine, entre lancement d’un concours chaque jour puis tri des bonnes réponses, vérification des liens facebook, twitter, etc… et du commentaire de validation, j’étais épuisée, stressée, sur les nerfs à chaque fois qu’on me faisait une remarque du style «j’avais pourtant bien répondu, je ne comprends pas pourquoi tu n’as pas compté ma participation ». 

Le Lundi suivant, alors que je portais les lots à la poste j’étais habitée d’un sentiment partagé. J’étais heureuse d’avoir fait plaisir à quelques lectrices, contente d’en avoir gagné quelques-unes, qui avaient découvert mon blog grâce aux concours, contente aussi que celles qui ne commentaient pas jusque-là, souvent par timidité, se soient laissées aller et se soient manifestées… Mais j’étais aussi un peu en colère contre celles qui s’étaient violemment plaintes, s’emportant contre moi alors qu’elles n’avaient pas donné les bonnes réponses, m’accusant injustement de les avoir flouées.

lundi 7 février 2011

6. Paris

J’allais à Paris cette semaine ! Faire un break dans ma recherche d’emploi, passer un coup de fil à mes copines parisiennes, s’organiser un resto pour une soirée, une déjeuner pour la copine overbookée, un cocktail dinatoire le mercredi, passer dire bonjour aux quelques collègues avec qui j’avais gardé contact, mais surtout l’élément décisif de cette semaine sur Paris avait été l’invitation à découvrir une marque de maquillage – évidemment – que j’avais contactée quelques semaines plus tôt. J’avais commencé par rédiger un mail de retour remerciant la jeune femme de sa proposition et puis j’avais réalisé qu’aller sur Paris m’était assez facile, sans compter que mes parents seraient heureux de m’avoir à la maison pour une semaine.
J’avais donc commencé par passer un coup de fil à ma mère, pour vérifier qu’il n’y avait pas un ami à la maison, qui squatterait ma chambre, puis quelques coups de téléphone aux copines pour voir si elles étaient disponibles. Le tout s’était organisé en un clin d’œil, je pris un aller/retour sur easyjet, - le coût me revenait à peu près aussi cher qu’un trajet de train, et était tout de même bien moins long – pour la semaine suivante et commençait à préparer ma valise, fouillant également mes tiroirs à la recherche de tickets de métro Parisiens qu’il me restait.

Le vendredi suivant, tandis que je trainais une valise bien trop grosse pour une semaine et une Lili mécontente d’être en cage derrière moi, j’espèrais vivement que ma mère, un peu tête en l’air mais qui avait promis de venir me chercher, ne se tromperait pas d’aéroport. C’était la première fois que je voyageais avec ma petite boule de poils et je doutais que celle-ci, bien qu’habituellement propre, fut assez grande pour se retenir de longues heures dans sa cage. J’espérais aussi que tout se passerait bien.

Je frémis au décollage de l’avion, en imaginant l’affolement de Lili dans sa cage à mes pieds. Heureusement, elle ne miaulait pas beaucoup, peut-être étais-je plus stressée qu’elle à l’idée de ce décollage finalement. Le vol passa rapidement, je me notais sur un petit carnet les questions qui me venaient à l’esprit concernant cette marque de beauté ethnique que j’allais découvrir. Arrivée à Charles de Gaulle, je patientais le temps que mon bagage arrive et résistait tant bien que mal à l’assaut d’une gamine qui minaudait devant la cage de Lili, accroupie, la tête penchée de côté pour voir le gros chaton noir.

Je fini par me débarrasser d’elle lorsqu’elle fit mine de tendre la main vers le système d’ouverture de la cage en lui disant que si elle ouvrait la cage, le bébé panthère aurait sûrement faim – oui ça n’étais pas très gentil, mais je n’arrivais pas à me débarrasser d’elle autrement et il n’aurait plus manqué que Lili s’échappe dans l’aéroport !

Ma mère était à l’heure, elle me fit de grands signes, croyant sans doute que je ne l’avais pas vue, et je lui répondis discrètement pour qu’elle cesse de s’agiter. Je ne pu couper à la longue effusion – nous nous étions vues à peine un mois plus tôt – et acceptais de bonne grâce qu’elle porte Lili, ça m’évitait de me cogner la valise dans la jambe en essayant de ne pas trop secouer Lili ne l’autre main.
Je restais à la maison le temps de déjeuner et de vérifier que Lili s’accoutumait à la maison, demandant à ma mère de faire attention à ce qu’elle ne sorte pas par mégarde dans le jardin, puis me changeais et empruntait la voiture de ma mère pour me rendre chez True Colors, dont les locaux se trouvaient au sud-est de Paris.
Je fut chaudement accueillie par la demoiselle que j’avais eu par mail, qui m’entraina dans un petit salon, et me proposa un thé, pour patienter, m’expliquant qu’une autre jeune femme devait arriver pour assister à la présentation de la marque. Je la remerciais et patientais donc une dizaine de minutes.

L’autre jeune femme, ne tarda pas à arriver, une petite jeune femme aux cheveux châtain clair et aux jolis yeux verts, d’agréable compagnie. Nous nous présentâmes l’une, l’autre, elle s’appelait Claudia, et avait récemment été embauchée par la boutique Sullivent Créations, qui fêtait bientôt son premier anniversaire, et elle était à la recherche d’une jeune femme pour le compte de ses patrons. La présence de celle-ci à leur soirée anniversaire était apparemment déterminante. Je n’eu guère le temps d’en apprendre plus sur elle que Stéphanie – la demoiselle de True Colors – arriva pour nous présenter la marque.

Je sortis mon petit carnet, espérant avoir l’occasion de poser mes questions – j’avais l’espoir de pouvoir rédiger un article sur True Colors à mon retour chez moi. Stéphanie commença donc par nous présenter le concept de la marque et nous raconter sa création. Je posais une ou deux questions, interrompant Stéphanie avec timidité puis fini par attendre en me disant que je pourrais toujours poser mes questions à la fin, et me contentait de prendre des notes. Elle nous proposa ensuite un tour d’horizon des produits et je découvris une palette de produits bien pigmentés, joliment déclinés, des textures sympathiques à travailler…
On eu aussi l’occasion de découvrir un peu mieux car une maquilleuse présente dans les locaux vint nous proposer de nous faire maquiller. Je profitais de ce moment pour poser également plusieurs questions pour obtenir des petites astuces de maquillage. Je twittais rapidement une photo de moi devant les locaux True Colors avant de quitter l’endroit et reparti ravie de mon après-midi.

J’étais contente de pouvoir voir mes amies parisiennes, cela dit, j’avais un peu l’impression de tomber dans un autre monde. On ne s’en rend pas vraiment compte quand on vit dedans, mais quand on quitte Paris et qu’on y revient on remarque finalement ces gens si pressés, cette cohue dans le métro – qui pue, littéralement – cette absence de joie dans les yeux des passants, cette impatience toute Parisienne qui fait que lorsque vous flânez, que vous avez l’audace de sourire en pleine rue - !!! – on vous dévisage de façon méprisante. En cela, je n’enviais pas à mes amies leur vie Parisienne, quand à entendre à tout bout de champ « Mais qu’est ce que tu fou dans ton trou ? » - oui toute ville de province, même une grande ville, héritait de ce titre flatteur auprès de mes amis – Parisiens de pure souche.

C’est épuisée que je remis les pieds chez moi au bout de cinq jours, mais aussi ravie d’y rentrer et de pouvoir sortir dans la rue sans courir.

Note : Si vous voulez en savoir plus sur True Colors et Claudia, c'est par ici !

mardi 1 février 2011

5. les relations presse

Cela faisait environ six mois que j’avais ouvert mon blog, peu de choses avaient évolué dans ma vie, j’avais fais quelques rencontres, eu quelques relations sans lendemain, et toujours pas de boulot. 

Je m’étais acheté un petit carnet où je notais les idées d’articles qui me passaient par la tête et les produits qui me faisaient envie mais que je ne pouvais pas m’acheter pour le moment. Le problème c’est que des choses s’y ajoutaient au quotidien et qu’il allait bientôt falloir que j’achète un carnet dédié à mes envies si cela continuaient comme cela. Mais passer sur des blogs tous les jours était une torture, une tentation, car j’y voyais régulièrement des nouveautés, des futures collections absolument magnifiques qu’il me fallait à tout prix !

J’avais créé une page facebook pour le blog et m’étais également inscrite sur twitter, me faisant ainsi un réseau de copines blogueuses. C’est ainsi que je découvris le « petit commerce des blogs ». Innocente nouvelle blogueuse qui ne connaissait pas encore beaucoup de blogs beauté quand j’avais ouvert le mien, j’étais à des lieues de me douter de la communication qu’il y avait derrière tout cela. J’appris donc que certaines marques envoyaient volontiers des produits en test aux blogueuses, qui en retour, en parlaient sur leurs blogs. Mes nouvelles copines m’apprirent également que certaines marques étaient plus à cheval que d’autres sur la pratique, ainsi, certains envoyaient le communiqué de presse avec une façon de présenter bien particulière et obligatoire pour la blogueuse, ici pas tellement de place pour l’avis personnel. Je n’aimais pas tellement l’idée… Mais il semblait que la plupart des marques, ou des agences qui envoyaient les produits laissaient tout de même libre droit de pensée à la blogueuse. Je constatais toutefois – une fois qu’on est au courant c’est assez facile de reconnaitre les articles dont les produits sont envoyés gratuitement plutôt qu’achetés – que peu de blogueuses critiquaient vraiment les produits qu’on leur envoyait en mal. Peur de se faire mettre sur liste noire à cause d’une mauvaise critique ? 

Toujours est-il que cette solution des marques envoyant des produits me sembla être un petit paradis qui pouvait me permettre de présenter un peu plus de choses que mon petit budget ne pouvait me le permettre. Je notais donc sur mon petit carnet les noms des marques que j’aimais et pris pas mal de temps pour essayer de trouver un contact pour celles-ci – et croyez-moi, certains étaient bien cachés. Enfin je réfléchis à ce que je pouvais bien leur raconter. Comment contacter une marque sans paraitre mendier des produits, en leur faisant comprendre qu’on s’y intéresse vraiment et qu’on a envie d’en découvrir plus. Et comment présenter son blog, surtout quand c’est un petit blog de six mois à peine, qui ne fait pas encore beaucoup de visiteurs. Car entendons-nous bien, si les marques envoient des produits, c’est pour gagner en visibilité, il me semblait évident qu’un petit blog aurait moins de réponses positives que ces blogs qu’on appelait influents. 

J’envoyais donc quelques mails timides, le cœur battant, aux marques qui me plaisaient et dont j’avais vu sur d’autres blogs qu’elles envoyaient des produits. Je tentais aussi quelques petites marques anglaises qui me plaisaient de par leurs visuels mais que je n’avais jamais eu l’occasion de tester et que mes finances ne m’avaient pas permis de commander. J’espérais intérieurement ne pas m’être montrée trop gourmande mais pour être honnête, je souhaitais aussi que la plupart des réponses seraient positives.

Les réponses arrivèrent au compte-goutte dans les jours qui suivirent, certaines positives, d’autres non. Parmi les positives, certaines disaient simplement qu’ils m’enverraient quelques produits, d’autres me demandaient s’il y avait des choses parmi leurs gammes qui me plaisaient particulièrement. Il y avait aussi les réponses neutres, celles des marques qui me renvoyaient vers leur service presse ou l’agence qui s’occupait des liens avec les blogueuses.

Je remerciais chacun de leur réponse – même négative – et répondit à ceux qui me posaient des questions. A l’un des mails je restais toutefois sans réponse. On me demandait d’appeler un service… Le téléphone et moi n’étions pas très amis, je réussi à me convaincre que je n’avais pas vraiment besoin de les contacter pour l’instant et mis le numéro de côté.

La semaine suivante se passa comme dans un petit paradis, un petit colis arrivant a peut près tous les jours. Certaines marques envoyaient quelques produits divers en une sorte de petit pack de découverte – un rouge à lèvre, un fard à paupière, un blush, un mascara par exemple – mais d’autres étaient exubérants, c’est ainsi que je reçu une collection complète de l’automne à venir, poussant des «iiihhhh » réguliers en découvrant de nouvelles choses dans le colis, m’installant confortablement dans mon canapé pour lire les dossiers de presse, tous mes produits étalés devant moi sur la table basse. Je pris quelques photos de groupe et swatchais mes produits avant de décider de faire un tiroir de produits « tests ».

Je me mis en devoir, pour les produits tels que les fards et autres que l’on pouvait simplement swatcher et présenter rapidement de faire de beaux articles détaillés. Après tout, on m’avait fait confiance et il me parut normal de faire de mon mieux pour présenter les produits envoyés. Je mis en revanche de côté les quelques produits de soins, que je voulais tester plus longuement avant d’en parler. Mon premier dilemme arriva avec un soin pour le visage pour peau sèche que l’on m’avait envoyé, j’avais une peau normale et le soin n’était donc pas du tout adapté pour moi. Sans compter qu’on était au milieu de l’été et que ma peau me réclamait vraiment peu de soins à cette période de l’année. 

Je posais donc le petit pot de côté et fini par demander conseil à quelques twitteuses avec qui je discutais régulièrement. Selon elles, j’avais plusieurs solutions, présenter le produit et l’offrir à une de mes lectrices en expliquant qu’il n’était pas adapté à ma peau, et en lui demandant de le tester pour moi, ou encore, écrire à l’agence qui me l’avait envoyé pour leur expliquer que le produit n’était pas adapté pour moi et que je ne pourrais donc pas en parler… Je choisi la première solution, n’osant pas réécrire à l’agence, et proposait donc le soin à l’une de mes lectrices, lançant par la même occasion mon premier concours.

P.-S.: vous pouvez me retrouver sur twitter : @LizBlogueuse

mardi 25 janvier 2011

4. L’Entretien

J’avais répondu à cette annonce à tout hasard, je n’étais pas certaine de correspondre au profil recherché, du moins, si l’on regardait mon parcours, on ne m’embaucherait pas. Pourtant, j’avais décroché un entretien. Et dans cet entretien, je fondais de grand espoirs. Je ne me faisais pas d’illusions attention, j’avais vu les renseignements qu’il y avait sur le net, tiré ce qu’il y avait à en tirer, ce n’était pas avec ce job que je me ferais un salaire mirobolant non mais l’occasion était trop bonne, j’étais tombée sur quelque chose qui m’intéressait, et je comptais bien tenter ma chance.

J’étais tombée sur l’annonce au hasard de mes recherches internet, une jeune femme, se lançait dans la création d’entreprise, mais pas n’importe laquelle, elle comptait monter un nouveau magazine féminin, et elle cherchait ses futurs collaborateurs. Bizarrement, elle avait sélectionné mon cv, et m’avait donné rendez-vous dans un café, avec que nous discutions. 

Je n’avais pas hésité, surexcitée par l’idée, j’avais réfléchi pendant les trois jours de délais à ce que j’allais porter – il me fallait être élégante mais lookée – au maquillage que j’allais y associer. A la « trousse de secours » que j’emporterais dans mon sac à main. J’avais aussi vérifié cent fois sur google maps la localisation du café où elle m’avait donné rendez-vous, que je ne connaissais pas.

La seule compétence que j’avais à lui apporter ? Ma connaissance des blogs – même si je ne tenais mon propre blog beauté que depuis peu – mon envie d’aller de l’avant, ma totale implication dans ces petites choses intéressant les filles, produits de beautés, chaussures, fringues… Je connaissais assez bien le rayon et j’étais prête à m’investir d’avantage !

Je me préparais des heures à l’avance, tournant en rond dans mon appartement, le ventre noué, je tentais vainement de me détendre. J’arrivais au rendez-vous une bonne demi-heure en avance, et, un peu mal à l’aise, m’installait à une table. Je demandais au serveur un simple verre d’eau que j’essayais de ne pas descendre d’un trait – il n’aurait plus manqué que je sois aux toilettes lorsque mon rendez-vous arriverait…

La jeune femme arriva à l’heure, à ma grande surprise, c’était une jeune femme à peine plus âgée que moi, à l’apparence pas très soignée – cela me semblait étrange pour une jeune femme qui souhaitait tenir un magasine féminin, mais soit – qui me parait assez ouverte au premier abord. Elle me parla de son projet, de ses envies – elle souhaitait se tourner vers ce qui plaisait actuellement, ne pas proposer un magasine couvert de publicités, du streetstyle, des filles « comme vous et moi » – de ses ambitions pour son « bébé ». Souriante et sympathique, nous discutâmes pendant des heures à ce que je pourrais apporter à son magasine. En bonne blogueuse, le streetstyle, je connaissais assez bien, et j’aimais assez ça. Prendre en photo une fille lookée dans la rue, lui demander d’où venait ses fringues, ouvrir une petite fenêtre dans nos vies… J’adorais l’idée, et j’aimais beaucoup les idées de la jeune entrepreneuse que j’avais en face de moi. La nuit était tombée depuis longtemps lorsque je la laissais, je repris le métro songeuse, un sourire aux lèvres, car j’avais plutôt l’impression que le courant était bien passé entre nous et qu’elle allait, comme elle me l’avait promis, me rappeler très bientôt.

Les nouvelles se firent attendre, mais je reçu finalement une réponse froide et standard m’indiquant que mon profil ne correspondait pas au poste. La vague de déprime me submergea à nouveau. Le mail était tombé comme un couperet. Froid, impersonnel, il me touchait d’autant plus que j’avais attendu près de deux semaines d’avoir des nouvelles, quand la jeune femme m’avait promis une réponse sous quelques jours. Mais créer une entreprise est prenant et je m’étais sans doute bercée d’illusions. Je m’attendais à un coup de fil, je reçu ce mail, qui me fit monter le cœur dans la gorge, tant j’avais mis d’espoirs dans cet entretien.

Tous mes beaux rêves s’envolaient. J’avais vraiment cru voir la fin de ma période de chômage, j’avais imaginé des scénarios, réfléchi à ce que ce serait de bosser à la rédaction d’un magasine. Je me voyais déjà telle Andréa Sachs dans « Le Diable s’habille en Prada », avoir ce job « que des milliers de filles tueraient pour avoir »… et le rêve s’effondrait.

Oubliant toute idée positive, j’allumais la bouilloire et allait me faire couler un bain. Je revins préparer mon thé, laissais la porte de la salle de bain entrouverte pour pouvoir profiter de la musique qui venait de ma chambre.
Me glissant dans l’eau chaude, ma tasse à thé à portée de main, un roman à côté, j’espérais pouvoir oublier toute sombre pensée et me remettre de meilleure humeur. Je me laissais aller quelques minutes en attendant que la baignoire se remplisse correctement écoutant la musique en essayant de ne penser à rien, mais Lili m’interrompit de ses miaulements aigus de chaton. Tant bien que mal debout en bas de la baignoire, elle levait sa petite tête de bébé panthère noire vers moi, ses yeux verts amplis de détresse à l’idée de ne pouvoir être à côté de moi. 

La sortie du bain et la vue de produits de soin que je n’avais pas encore chroniqués sur mon blog me rappela que j’avais prévu, ce jour-là, de faire un article à ce sujet. Je soupirais, et découvrais les contraintes que pouvaient parfois imposer un blog. Bien évidemment, c’est selon les façons de faire de chacun, mais je venais d’ouvrir mon blog, il n’était pas question pour moi de me relâcher, de ne pas faire cet article que j’avais prévu, pourtant, je n’en avais présentement aucune envie, ma vie était ce qu’elle était, ça n’allait pas, je n’allais pas bien…

Je n’avais aucune envie non plus de m’épancher publiquement de mes malheurs, justifiant ainsi d’une période plus ou moins prolongée de non-articles… Je trainais en pyjama la moitié de la matinée, lisant des articles sur le net, me plongeant dans mes magasines, puis me décidait, en voyant le soleil à l’extérieur, à profiter de la belle lumière pour prendre mes photos. Puis, toujours en pyjama je pris le temps de rédiger mon article. 

Un dilemme me prenait tout de même, que faisait une blogueuse assidue qui n’avait pas le temps pendant quelques jours, ou pas le moral pour bloguer ? Devais-je me justifier auprès de mes lectrices ? Estimerais-je, selon le degré d’intimité de la chose que cela ne regardais que moi, que c’était mon blog et que je faisais ce que je voulais ? Etrangement, je ressentais un certain « devoir » envers celles qui prenaient le temps de venir me lire et me laisser un petit mot. Peut-être étais-ce parce que je ne bloguais pas depuis très longtemps, j’éprouvais une certaine crainte à ce que mes encore peu nombreuses lectrices s’en aillent si je ne publiais pas…
Je n’avais même pas le courage d’aller assouvir ma frustration dans un achat compulsif, j’étais absolument déprimée… Même les boutiques en ligne et leurs soldes constants n’arrivèrent pas attirer mon regard.

Ma seule consolation ce jour-là, furent les petits mots un peu plus nombreux que les jours précédents sur mon article, j’en compris la source lorsque je me connectais sur Hellocoton et m’aperçu que mon article faisait la Home de la page beauté. Une petite fierté s’empara de moi, je n’étais pas assez bien pour cette fille, pour son magasine à paraître, mais mes articles étaient appréciés sur le net, par un nombre de lectrices grandissant et par l’équipe de ce site… et cela, en soit, était une petite victoire.

mardi 18 janvier 2011

3. Les lectrices

Je venais de terminer de regarder les derniers épisodes de Gossip Girl que j’avais, avant la fin de la trêve de noël et le retour des séries, j’aimais bien me remémorer ce qui s’était passé depuis le début. Pelotonnée dans ma couette, confortablement allongée sur le canapé, je tendis le bras vers le portable et rafraichi ma boite de réception. 

Quatre mails. Trois pubs et… un commentaire en attente de modération !!! Je retins un petit cri de furet et fit un bond, faisant sursauter Lily… J’ouvris rapidement mon tableau de bord et ronchonnais contre l’ordinateur qui ramait lamentablement à m’ouvrir une page internet. Il s’agissait d’une autre blogueuse, qui m’avait laissé un petit mot de bienvenue dans la blogo. Un petit mot gentil d’encouragement pour la suite. Ce n’était pas grand-chose mais j’étais aux anges ! Mon premier commentaire !!

C’est étrange ce qu’un tout petit mot peu vous mettre du baume au cœur. C’est une chose que de tenir un blog, s’en est une tout autre de savoir qu’on est lu et apprécié. Bon parfois, il faut l’avouer, sur certains blogs ça tourne au ridicule, les commentaires n’ont rien à voir avec l’article, les lectrices se battent entre elles par le biais des commentaires ou pire, insultent la blogueuse. Parfois, je me dis qu’il faut psychologiquement être très forte pour tenir un blog, ne pas craquer et envoyer balader les gens qui vous lisent. 

La veille au soir, j’avais écris ma première « revue » de produit. J’avais voulu faire ça dans les règles de l’art, avais pris une bonne vingtaine de photos à travers mon appartement, dans l’espoir d’en avoir une avec LA lumière parfaite, Le parfait angle de vue. Mon produit, c’était ce nouveau fond de teint MUFE acheté quelques jours plus tôt. Je le trouvais génial comparé aux précédents fonds de teint que j’avais pu avoir, et j’en avais souvent changé, d’ailleurs sans vraiment jamais finir un pot, en général il finissait par s’entasser dans mon placard à produits. Couleur finalement trop foncée, texture bizarre, non-tenue, effet gras… les raisons étaient multiples. J’avais une peau plutôt normale pourtant, pas spécialement de zones grasses, à part lors de grosses chaleurs en été mais comme à peu près la plupart des gens.

Là, ce font de teint – les beauty-addicts écriront fdt – était parfait, la couleur se fondait parfaitement dans ma carnation. J’ai le teint assez pâle et pas trop d’imperfections à déplorer. Un teint assez pâle mais pas au point de ne pas pouvoir trouver le fond de teint parfaitement adapté à ma peau, dans les gammes qui présentent une large palette de teintes, la plus pâle est en générale parfaite pour moi. Le tout après, pour ne pas se fondre aux lavabos, c’était une juste dose de blush – mais pas trop tout de même – tout en délicatesse. Côté cheveux, j’étais châtain foncé, un châtain fadasse, que je teignais depuis des années en auburn, une couleur qui me réchauffait le teint et faisait parfaitement ressortir mes yeux bleus. C’était mon atout ces yeux couleur bleu bébé – ma mère avait toujours appelé cette couleur comme ça, car ils n’avaient jamais changé de couleur depuis ma naissance. Mon rêve ? Oser un vrai roux un jour, de ce beau roux profond qu’a arboré Scarlett Johansson ou celui flamboyant de Christina Hendricks…

Bref, j’avais passé un certain temps à faire mes photos de produit, et encore bien plus à trouver les bons mots, à faire quelques recherches sur le produit dont je parlais, de décrire la façon dont on pouvait appliquer son fond de teint, les erreurs à ne pas faire, tel que s’arrêter au visage en lui-même, causant par là-même une belle ligne de démarcation au niveau des oreilles et du menton. Je crois, que la rédaction de cet article, au total m’avait pris une bonne heure. Mais j’étais satisfaite de moi, c’était un bel article, rempli d’informations intéressantes. J’imaginais donc que la plupart des blogueuses faisant des articles assez complets prenaient également pas mal de temps à faire ces articles. Ce n’était pas un simple passe-temps et cela demandait un certain investissement, bien qu’il reste de l’ordre du plaisir.

Aussi, quand je voyais sur certains blogs, des lectrices poser des questions alors que les réponses se trouvaient dans l’article – qu’elles n’avaient manifestement pas lu – je bouillais intérieurement. Il ne serait certes pas correct d’envoyer bouler ses lecteurs, mais n’était-ce pas de leur part une simple preuve de respect que de lire l’article en entier avant de poser une question ? Je me demandais comment moi-même j’allais pouvoir réagir lorsque mon tour viendrait… si mon tour venais, je n’aurais peut-être jamais qu’un seul et unique commentaire sur mon tout nouveau petit blog !

J’étais en train de lire un billet parlant d’une crème de soin visage en me faisant toutes ces réflexions. La blogueuse avait pris la peine d’énoncer la composition du produit – nombre de beauty-addict font très attention à la composition de leurs produits – et d’expliquer l’utilité de certains, ou la dangerosité d’autres. Elle avait du passer des heures à écrire cet article ! Tout en le parcourant je tombais sur un petit bouton « j’aime cet article » et cliquais dessus pour voir où il menait. Il ne me semblait pas que ce soit un bouton Facebook – les blogueuses envahissent tout média social susceptible de leur donner un peu plus de visibilité – et je ne connaissais pas ce petit logo en forme de fleur rose. 

Je me retrouvais sur un site qui semblait contenir tout plein de liens vers d’autres blogs de toute sorte : mode, beauté, cuisine, culture, quotidien, création… J’y surfais pendant un moment, découvrant des tas de blogs, me rendant compte que certains de ceux que je lisais depuis quelques temps y était inscrits. C’était une sorte d’agrégateur de flux géant, qui remontait les flux de blogs féminins, auquel il suffisait de s’inscrire, avec la possibilité d’ajouter comme amies, les rédactrices de blogs que l’on aimait et de pouvoir les suivre ainsi. 

Ni une, ni deux, je remplis la page d’inscription et me retrouvais confrontée à un problème typiquement bloguesque. On me demandait l’url de mon lien rss, et je n’avais pas la moindre idée de ce à quoi il pouvait ressembler. Je fouillais longuement dans les paramètres de mon blog, sans succès et fini par m’en remettre à google, heureusement, la chose était assez facile à trouver. J’appris ainsi – je m’endormirais moins bête ce soir – que tout blog avait un flux rss automatique, il était aussi possible de s’inscrire sur des sites – comme feedburner – qui était un peu plus sophistiqué. Pour l’heure, n’en voyant pas l’intérêt, je me contentais de mon flux rss de base et l’entrais dans la case prévue. 

Quelques minutes plus tard, j’étais inscrite et ajoutait les blogs que j’aimais à ma liste d’amies. Quelques heures plus tard, je découvrais toujours de nouveaux blogs et me posait une question existentielle. J’avais toujours été une lectrice silencieuse, parcourant les blogs sans jamais oser commenter, de peur de dire une bêtise ou peut-être ne voyant pas l’utilité d’ajouter « hannn c’est beau ! ». Mais tout à cas, en tant que blogueuse, de l’autre côté de la barrière, je vis les choses différemment et me dis que peut-être, il était temps de devenir un peu plus active et de donner mon avis. Je laissais mon premier commentaire sur un article détaillé sur une crème pour le corps, la blogueuse parlait un peu de sa routine hydratation corps. 

Contente de moi, je continuais à surfer à droite à gauche, à ajouter des blogs à ma liste d’actualité Hellocoton. Je me rendis compte que certains blogs étaient extrêmement spécialisés, certaines ne parlaient QUE de vernis à ongles par exemple – et elles avaient des ongles magnifiques – et j’y découvris de nouvelles marques : OPI, China Glaze, Essie, Orly… n’eurent bientôt plus aucun secret pour moi. D’autres encore étaient spécialisées ongles mais étaient en plus de véritables artistes, réalisant de petites œuvres d’art sur leurs ongles. Je ne pu m’en empêcher, je laissais sur l’un d’eux le commentaire le plus inutile de la création : « C’est magnifique !»

lundi 10 janvier 2011

2. Bloguer

Je m’éveillais avec cette idée dans la tête. Ca ne vous arrive jamais, lorsque vous avez un projet sur le feu, de vous éveiller avec des idées plein la tête, l’impression que vous n’avez pensé qu’à ça toute la nuit ? Je m’étirais, passais mes chaussons, pris une douche rapide et enfilait un long pull tout doux avant d’aller allumer l’ordinateur en attendant que la bouilloire chauffe. J’épluchais une mandarine tout en ouvrant mon tableau de bord blogger, puis m’installais avec mon thé devant l’écran.

Commencer à bloguer était une autre paire de manches. J’avais un nom, l’envie, un nouveau pseudo web, mais par quoi commencer ? Le design du blog ? Ecrire un premier article ? Devais-je me créer une sorte de logo ? Me présenter ? Je parcourais les quelques blogs que je connaissais et tentais de m’en inspirer. Un premier billet avec une courte présentation ce ne serait pas si mal non ? 

Je m’appliquais donc à rédiger un petit mot de présentation, qui j’étais en une brève ligne, la raison d’être de ce blog, puis passais au look du blog, les possibilités n’étaient pas infinies mais je trouvais un modèle simple dont je modifiais dans mes couleurs. Je créais un petit logo simple, avec simplement le nom du blog, pas du grand art mais c’était simple et joli, amplement satisfaisant pour moi. Je jetais un coup d’œil à l’aperçu de mon article. Je n’avais pas de photo à y ajouter, tant pis, pour un premier article, je ferais l’impasse sur la photo, ce n’était pas très grave. Puis, à peu près satisfaite du rendu global, je cliquais sur « Publier ». 

Il ne me restait plus qu’à attendre que quelqu’un remarque mon blog, qu’on me commente, mais allait-on me commenter sur ce premier article sans grand intérêt ? Que faire maintenant ? Je pouvais peut-être préparer un article pour le lendemain, m’inspirer des maquillages vus ailleurs et tenter de reproduire quelque chose ? Je regardais mes produits et fis la moue. Un vieux fond de teint mal choisi, un blush peu adapté pour mon teint d’hiver blafard… si j’allais m’acheter une ou deux petites choses ce ne serait pas si grave non ? 

Je m’habillais un peu plus chaudement et empruntait le métro pour me rendre au centre ville. Si j’étais venue avec l’idée bien précise d’acheter du maquillage, rien n’interdisait que je m’offre autre chose, en fait, j’avais à chaque fois l’impression de perdre un peu la tête lorsque je faisais du shopping, emportée par une sorte de frénésie, je ne faisais plus attention au montant – où du moins très peu – et ne réalisais la somme de dépense qu’en faisant mes comptes. Hum… mon banquier ne devait pas être très content, mais pour l’heure je n’y pensais guère, j’entrais chez Sephora, trainais longuement dans les rayons Urban Decay, Benefit et Make Up for Ever, imaginais laquelle des couleurs O.P.I. je pourrais déposer dans mon panier. J’optais pour une primer chez Urban Decay ainsi qu’une petite palette de fards, la fameuse « black palette » que j’avais pu voir à droite à gauche, un anti-cerne de chez Benefit et un fond de teint MUFE vinrent compléter mon panier et je choisis soigneusement de ne pas acheter de vernis pour l’instant, d’autant que, si l’on y réfléchissait bien, les bons plans des blogueuses étaient tout de même d’acheter pas mal de ces produits sur les sites US. Je passais ensuite chez MAC - cosmetics, pas un i-store – et me laissais tenter par Phloof ! LA référence en touche lumière. Je résistais à la tentation d’acheter un 217, ce pinceau estompeur dont j’avais entendu parler mais qui coûtait à lui seul la modique somme de 24€ ! Même pour une dépensière dans mon genre, cela paraissait hors de prix. 

Craignant de dépenser un peu plus j’ignorais ostensiblement toutes les vitrines qui croisèrent mon chemin pour me diriger directement vers le métro. 

En rentrant je couvais mes petits trésors du regard, des nouveautés, des choses à tester, je pourrais réaliser des « reviews » sur ces produits, cela me ferait quelques articles. Je regardais mes factures et rougis doucement, j’en avais pour environ 135€, au dernier moment, le blush Orgasm, de NARS, avait sauté dans mon panier chez Sephora, augmentant encore la facture… J’allais devoir veiller à mes prochaines dépenses, il ne s’agissait pas de se ruiner… Cette petite prise de conscience passée, j’ouvris les emballages et arrangeait mes produits en une sorte de petite mise en scène sympathique pour les prendre en photo – si vous tenez un blog beauté, vous connaissez ce petit rituel. J’en pris une dizaine, espérant avoir quelque chose de bien dans le lot. 

Par bonheur, j’étais assez bien équipée de ce côté. Enfin par bonheur… Mon appareil actuel était hérité de ma précédente relation amoureuse. Benjamin était passionné de photo, passionné… ou obsédé, ça dépend du point de vue. Pour ma part, quand une passion devient si envahissante on peut se poser des questions, impossible de faire un pas sans qu’il prenne une photo. Evidemment il était bien équipé, et quand il avait vu mon minable appareil compact dont les piles se vidaient au bout de dix photos prises, il m’avait offert un réflex… et avait du m’expliquer comment m’en servir. 

Nous nous étions quitté en assez bons termes pour que je ne le lui ai pas envoyé à la figure – et à l’instant je m’en félicitais. Ben était tout simplement venu me voir un matin, m’expliquant qu’il avait fait une nouvelle rencontre, une nana aussi passionnée que lui et qu’il ne pouvait la laisser filer. Il n’avait pas chercher d’excuses ni pour moi ni pour lui et m’avait laissée plus stupéfaite que triste. Peut-être n’avions nous finalement pas assez de choses en commun pour que je m’attache réellement à lui… C’est pourtant la fin de cette histoire qui avait été l’élément déclencheur, celui qui m’avait fait quitter Paris.

Je reportais mon attention sur mes produits, les mettais pour la plupart à l’abris de Lily. Je « swatchais » ensuite la palette de fards. Faire un swatche consiste simplement à appliquer la couleur sur sa peau et la prendre en photo – en espérant que la luminosité soit suffisante pour avoir quelque chose d’assez proche de la réalité.  Je repérais ensuite quelque chose d’assez simple à reproduire et réalisais mon premier maquillage pour le blog. Si c’était loin d’être aussi impeccable que mon modèle, ce premier essai fut assez satisfaisant pour que je le prenne également en photo. Photos que je recadrais pour ne prendre que mes yeux. Je ne savais pas encore vraiment si je voulais montrer mon visage ou bloguer de façon plus anonyme. 

D’ailleurs, devais-je en parler à mes amis ? Attendre que cela fonctionne et aie un minimum de succès peut-être… Je ne savais pas vraiment quelle position adopter à ce sujet. Ma vie virtuelle de blogueuse-beauté resterait sans doute au moins pour un temps, une sorte de secret…