mardi 25 janvier 2011

4. L’Entretien

J’avais répondu à cette annonce à tout hasard, je n’étais pas certaine de correspondre au profil recherché, du moins, si l’on regardait mon parcours, on ne m’embaucherait pas. Pourtant, j’avais décroché un entretien. Et dans cet entretien, je fondais de grand espoirs. Je ne me faisais pas d’illusions attention, j’avais vu les renseignements qu’il y avait sur le net, tiré ce qu’il y avait à en tirer, ce n’était pas avec ce job que je me ferais un salaire mirobolant non mais l’occasion était trop bonne, j’étais tombée sur quelque chose qui m’intéressait, et je comptais bien tenter ma chance.

J’étais tombée sur l’annonce au hasard de mes recherches internet, une jeune femme, se lançait dans la création d’entreprise, mais pas n’importe laquelle, elle comptait monter un nouveau magazine féminin, et elle cherchait ses futurs collaborateurs. Bizarrement, elle avait sélectionné mon cv, et m’avait donné rendez-vous dans un café, avec que nous discutions. 

Je n’avais pas hésité, surexcitée par l’idée, j’avais réfléchi pendant les trois jours de délais à ce que j’allais porter – il me fallait être élégante mais lookée – au maquillage que j’allais y associer. A la « trousse de secours » que j’emporterais dans mon sac à main. J’avais aussi vérifié cent fois sur google maps la localisation du café où elle m’avait donné rendez-vous, que je ne connaissais pas.

La seule compétence que j’avais à lui apporter ? Ma connaissance des blogs – même si je ne tenais mon propre blog beauté que depuis peu – mon envie d’aller de l’avant, ma totale implication dans ces petites choses intéressant les filles, produits de beautés, chaussures, fringues… Je connaissais assez bien le rayon et j’étais prête à m’investir d’avantage !

Je me préparais des heures à l’avance, tournant en rond dans mon appartement, le ventre noué, je tentais vainement de me détendre. J’arrivais au rendez-vous une bonne demi-heure en avance, et, un peu mal à l’aise, m’installait à une table. Je demandais au serveur un simple verre d’eau que j’essayais de ne pas descendre d’un trait – il n’aurait plus manqué que je sois aux toilettes lorsque mon rendez-vous arriverait…

La jeune femme arriva à l’heure, à ma grande surprise, c’était une jeune femme à peine plus âgée que moi, à l’apparence pas très soignée – cela me semblait étrange pour une jeune femme qui souhaitait tenir un magasine féminin, mais soit – qui me parait assez ouverte au premier abord. Elle me parla de son projet, de ses envies – elle souhaitait se tourner vers ce qui plaisait actuellement, ne pas proposer un magasine couvert de publicités, du streetstyle, des filles « comme vous et moi » – de ses ambitions pour son « bébé ». Souriante et sympathique, nous discutâmes pendant des heures à ce que je pourrais apporter à son magasine. En bonne blogueuse, le streetstyle, je connaissais assez bien, et j’aimais assez ça. Prendre en photo une fille lookée dans la rue, lui demander d’où venait ses fringues, ouvrir une petite fenêtre dans nos vies… J’adorais l’idée, et j’aimais beaucoup les idées de la jeune entrepreneuse que j’avais en face de moi. La nuit était tombée depuis longtemps lorsque je la laissais, je repris le métro songeuse, un sourire aux lèvres, car j’avais plutôt l’impression que le courant était bien passé entre nous et qu’elle allait, comme elle me l’avait promis, me rappeler très bientôt.

Les nouvelles se firent attendre, mais je reçu finalement une réponse froide et standard m’indiquant que mon profil ne correspondait pas au poste. La vague de déprime me submergea à nouveau. Le mail était tombé comme un couperet. Froid, impersonnel, il me touchait d’autant plus que j’avais attendu près de deux semaines d’avoir des nouvelles, quand la jeune femme m’avait promis une réponse sous quelques jours. Mais créer une entreprise est prenant et je m’étais sans doute bercée d’illusions. Je m’attendais à un coup de fil, je reçu ce mail, qui me fit monter le cœur dans la gorge, tant j’avais mis d’espoirs dans cet entretien.

Tous mes beaux rêves s’envolaient. J’avais vraiment cru voir la fin de ma période de chômage, j’avais imaginé des scénarios, réfléchi à ce que ce serait de bosser à la rédaction d’un magasine. Je me voyais déjà telle Andréa Sachs dans « Le Diable s’habille en Prada », avoir ce job « que des milliers de filles tueraient pour avoir »… et le rêve s’effondrait.

Oubliant toute idée positive, j’allumais la bouilloire et allait me faire couler un bain. Je revins préparer mon thé, laissais la porte de la salle de bain entrouverte pour pouvoir profiter de la musique qui venait de ma chambre.
Me glissant dans l’eau chaude, ma tasse à thé à portée de main, un roman à côté, j’espérais pouvoir oublier toute sombre pensée et me remettre de meilleure humeur. Je me laissais aller quelques minutes en attendant que la baignoire se remplisse correctement écoutant la musique en essayant de ne penser à rien, mais Lili m’interrompit de ses miaulements aigus de chaton. Tant bien que mal debout en bas de la baignoire, elle levait sa petite tête de bébé panthère noire vers moi, ses yeux verts amplis de détresse à l’idée de ne pouvoir être à côté de moi. 

La sortie du bain et la vue de produits de soin que je n’avais pas encore chroniqués sur mon blog me rappela que j’avais prévu, ce jour-là, de faire un article à ce sujet. Je soupirais, et découvrais les contraintes que pouvaient parfois imposer un blog. Bien évidemment, c’est selon les façons de faire de chacun, mais je venais d’ouvrir mon blog, il n’était pas question pour moi de me relâcher, de ne pas faire cet article que j’avais prévu, pourtant, je n’en avais présentement aucune envie, ma vie était ce qu’elle était, ça n’allait pas, je n’allais pas bien…

Je n’avais aucune envie non plus de m’épancher publiquement de mes malheurs, justifiant ainsi d’une période plus ou moins prolongée de non-articles… Je trainais en pyjama la moitié de la matinée, lisant des articles sur le net, me plongeant dans mes magasines, puis me décidait, en voyant le soleil à l’extérieur, à profiter de la belle lumière pour prendre mes photos. Puis, toujours en pyjama je pris le temps de rédiger mon article. 

Un dilemme me prenait tout de même, que faisait une blogueuse assidue qui n’avait pas le temps pendant quelques jours, ou pas le moral pour bloguer ? Devais-je me justifier auprès de mes lectrices ? Estimerais-je, selon le degré d’intimité de la chose que cela ne regardais que moi, que c’était mon blog et que je faisais ce que je voulais ? Etrangement, je ressentais un certain « devoir » envers celles qui prenaient le temps de venir me lire et me laisser un petit mot. Peut-être étais-ce parce que je ne bloguais pas depuis très longtemps, j’éprouvais une certaine crainte à ce que mes encore peu nombreuses lectrices s’en aillent si je ne publiais pas…
Je n’avais même pas le courage d’aller assouvir ma frustration dans un achat compulsif, j’étais absolument déprimée… Même les boutiques en ligne et leurs soldes constants n’arrivèrent pas attirer mon regard.

Ma seule consolation ce jour-là, furent les petits mots un peu plus nombreux que les jours précédents sur mon article, j’en compris la source lorsque je me connectais sur Hellocoton et m’aperçu que mon article faisait la Home de la page beauté. Une petite fierté s’empara de moi, je n’étais pas assez bien pour cette fille, pour son magasine à paraître, mais mes articles étaient appréciés sur le net, par un nombre de lectrices grandissant et par l’équipe de ce site… et cela, en soit, était une petite victoire.

mardi 18 janvier 2011

3. Les lectrices

Je venais de terminer de regarder les derniers épisodes de Gossip Girl que j’avais, avant la fin de la trêve de noël et le retour des séries, j’aimais bien me remémorer ce qui s’était passé depuis le début. Pelotonnée dans ma couette, confortablement allongée sur le canapé, je tendis le bras vers le portable et rafraichi ma boite de réception. 

Quatre mails. Trois pubs et… un commentaire en attente de modération !!! Je retins un petit cri de furet et fit un bond, faisant sursauter Lily… J’ouvris rapidement mon tableau de bord et ronchonnais contre l’ordinateur qui ramait lamentablement à m’ouvrir une page internet. Il s’agissait d’une autre blogueuse, qui m’avait laissé un petit mot de bienvenue dans la blogo. Un petit mot gentil d’encouragement pour la suite. Ce n’était pas grand-chose mais j’étais aux anges ! Mon premier commentaire !!

C’est étrange ce qu’un tout petit mot peu vous mettre du baume au cœur. C’est une chose que de tenir un blog, s’en est une tout autre de savoir qu’on est lu et apprécié. Bon parfois, il faut l’avouer, sur certains blogs ça tourne au ridicule, les commentaires n’ont rien à voir avec l’article, les lectrices se battent entre elles par le biais des commentaires ou pire, insultent la blogueuse. Parfois, je me dis qu’il faut psychologiquement être très forte pour tenir un blog, ne pas craquer et envoyer balader les gens qui vous lisent. 

La veille au soir, j’avais écris ma première « revue » de produit. J’avais voulu faire ça dans les règles de l’art, avais pris une bonne vingtaine de photos à travers mon appartement, dans l’espoir d’en avoir une avec LA lumière parfaite, Le parfait angle de vue. Mon produit, c’était ce nouveau fond de teint MUFE acheté quelques jours plus tôt. Je le trouvais génial comparé aux précédents fonds de teint que j’avais pu avoir, et j’en avais souvent changé, d’ailleurs sans vraiment jamais finir un pot, en général il finissait par s’entasser dans mon placard à produits. Couleur finalement trop foncée, texture bizarre, non-tenue, effet gras… les raisons étaient multiples. J’avais une peau plutôt normale pourtant, pas spécialement de zones grasses, à part lors de grosses chaleurs en été mais comme à peu près la plupart des gens.

Là, ce font de teint – les beauty-addicts écriront fdt – était parfait, la couleur se fondait parfaitement dans ma carnation. J’ai le teint assez pâle et pas trop d’imperfections à déplorer. Un teint assez pâle mais pas au point de ne pas pouvoir trouver le fond de teint parfaitement adapté à ma peau, dans les gammes qui présentent une large palette de teintes, la plus pâle est en générale parfaite pour moi. Le tout après, pour ne pas se fondre aux lavabos, c’était une juste dose de blush – mais pas trop tout de même – tout en délicatesse. Côté cheveux, j’étais châtain foncé, un châtain fadasse, que je teignais depuis des années en auburn, une couleur qui me réchauffait le teint et faisait parfaitement ressortir mes yeux bleus. C’était mon atout ces yeux couleur bleu bébé – ma mère avait toujours appelé cette couleur comme ça, car ils n’avaient jamais changé de couleur depuis ma naissance. Mon rêve ? Oser un vrai roux un jour, de ce beau roux profond qu’a arboré Scarlett Johansson ou celui flamboyant de Christina Hendricks…

Bref, j’avais passé un certain temps à faire mes photos de produit, et encore bien plus à trouver les bons mots, à faire quelques recherches sur le produit dont je parlais, de décrire la façon dont on pouvait appliquer son fond de teint, les erreurs à ne pas faire, tel que s’arrêter au visage en lui-même, causant par là-même une belle ligne de démarcation au niveau des oreilles et du menton. Je crois, que la rédaction de cet article, au total m’avait pris une bonne heure. Mais j’étais satisfaite de moi, c’était un bel article, rempli d’informations intéressantes. J’imaginais donc que la plupart des blogueuses faisant des articles assez complets prenaient également pas mal de temps à faire ces articles. Ce n’était pas un simple passe-temps et cela demandait un certain investissement, bien qu’il reste de l’ordre du plaisir.

Aussi, quand je voyais sur certains blogs, des lectrices poser des questions alors que les réponses se trouvaient dans l’article – qu’elles n’avaient manifestement pas lu – je bouillais intérieurement. Il ne serait certes pas correct d’envoyer bouler ses lecteurs, mais n’était-ce pas de leur part une simple preuve de respect que de lire l’article en entier avant de poser une question ? Je me demandais comment moi-même j’allais pouvoir réagir lorsque mon tour viendrait… si mon tour venais, je n’aurais peut-être jamais qu’un seul et unique commentaire sur mon tout nouveau petit blog !

J’étais en train de lire un billet parlant d’une crème de soin visage en me faisant toutes ces réflexions. La blogueuse avait pris la peine d’énoncer la composition du produit – nombre de beauty-addict font très attention à la composition de leurs produits – et d’expliquer l’utilité de certains, ou la dangerosité d’autres. Elle avait du passer des heures à écrire cet article ! Tout en le parcourant je tombais sur un petit bouton « j’aime cet article » et cliquais dessus pour voir où il menait. Il ne me semblait pas que ce soit un bouton Facebook – les blogueuses envahissent tout média social susceptible de leur donner un peu plus de visibilité – et je ne connaissais pas ce petit logo en forme de fleur rose. 

Je me retrouvais sur un site qui semblait contenir tout plein de liens vers d’autres blogs de toute sorte : mode, beauté, cuisine, culture, quotidien, création… J’y surfais pendant un moment, découvrant des tas de blogs, me rendant compte que certains de ceux que je lisais depuis quelques temps y était inscrits. C’était une sorte d’agrégateur de flux géant, qui remontait les flux de blogs féminins, auquel il suffisait de s’inscrire, avec la possibilité d’ajouter comme amies, les rédactrices de blogs que l’on aimait et de pouvoir les suivre ainsi. 

Ni une, ni deux, je remplis la page d’inscription et me retrouvais confrontée à un problème typiquement bloguesque. On me demandait l’url de mon lien rss, et je n’avais pas la moindre idée de ce à quoi il pouvait ressembler. Je fouillais longuement dans les paramètres de mon blog, sans succès et fini par m’en remettre à google, heureusement, la chose était assez facile à trouver. J’appris ainsi – je m’endormirais moins bête ce soir – que tout blog avait un flux rss automatique, il était aussi possible de s’inscrire sur des sites – comme feedburner – qui était un peu plus sophistiqué. Pour l’heure, n’en voyant pas l’intérêt, je me contentais de mon flux rss de base et l’entrais dans la case prévue. 

Quelques minutes plus tard, j’étais inscrite et ajoutait les blogs que j’aimais à ma liste d’amies. Quelques heures plus tard, je découvrais toujours de nouveaux blogs et me posait une question existentielle. J’avais toujours été une lectrice silencieuse, parcourant les blogs sans jamais oser commenter, de peur de dire une bêtise ou peut-être ne voyant pas l’utilité d’ajouter « hannn c’est beau ! ». Mais tout à cas, en tant que blogueuse, de l’autre côté de la barrière, je vis les choses différemment et me dis que peut-être, il était temps de devenir un peu plus active et de donner mon avis. Je laissais mon premier commentaire sur un article détaillé sur une crème pour le corps, la blogueuse parlait un peu de sa routine hydratation corps. 

Contente de moi, je continuais à surfer à droite à gauche, à ajouter des blogs à ma liste d’actualité Hellocoton. Je me rendis compte que certains blogs étaient extrêmement spécialisés, certaines ne parlaient QUE de vernis à ongles par exemple – et elles avaient des ongles magnifiques – et j’y découvris de nouvelles marques : OPI, China Glaze, Essie, Orly… n’eurent bientôt plus aucun secret pour moi. D’autres encore étaient spécialisées ongles mais étaient en plus de véritables artistes, réalisant de petites œuvres d’art sur leurs ongles. Je ne pu m’en empêcher, je laissais sur l’un d’eux le commentaire le plus inutile de la création : « C’est magnifique !»

lundi 10 janvier 2011

2. Bloguer

Je m’éveillais avec cette idée dans la tête. Ca ne vous arrive jamais, lorsque vous avez un projet sur le feu, de vous éveiller avec des idées plein la tête, l’impression que vous n’avez pensé qu’à ça toute la nuit ? Je m’étirais, passais mes chaussons, pris une douche rapide et enfilait un long pull tout doux avant d’aller allumer l’ordinateur en attendant que la bouilloire chauffe. J’épluchais une mandarine tout en ouvrant mon tableau de bord blogger, puis m’installais avec mon thé devant l’écran.

Commencer à bloguer était une autre paire de manches. J’avais un nom, l’envie, un nouveau pseudo web, mais par quoi commencer ? Le design du blog ? Ecrire un premier article ? Devais-je me créer une sorte de logo ? Me présenter ? Je parcourais les quelques blogs que je connaissais et tentais de m’en inspirer. Un premier billet avec une courte présentation ce ne serait pas si mal non ? 

Je m’appliquais donc à rédiger un petit mot de présentation, qui j’étais en une brève ligne, la raison d’être de ce blog, puis passais au look du blog, les possibilités n’étaient pas infinies mais je trouvais un modèle simple dont je modifiais dans mes couleurs. Je créais un petit logo simple, avec simplement le nom du blog, pas du grand art mais c’était simple et joli, amplement satisfaisant pour moi. Je jetais un coup d’œil à l’aperçu de mon article. Je n’avais pas de photo à y ajouter, tant pis, pour un premier article, je ferais l’impasse sur la photo, ce n’était pas très grave. Puis, à peu près satisfaite du rendu global, je cliquais sur « Publier ». 

Il ne me restait plus qu’à attendre que quelqu’un remarque mon blog, qu’on me commente, mais allait-on me commenter sur ce premier article sans grand intérêt ? Que faire maintenant ? Je pouvais peut-être préparer un article pour le lendemain, m’inspirer des maquillages vus ailleurs et tenter de reproduire quelque chose ? Je regardais mes produits et fis la moue. Un vieux fond de teint mal choisi, un blush peu adapté pour mon teint d’hiver blafard… si j’allais m’acheter une ou deux petites choses ce ne serait pas si grave non ? 

Je m’habillais un peu plus chaudement et empruntait le métro pour me rendre au centre ville. Si j’étais venue avec l’idée bien précise d’acheter du maquillage, rien n’interdisait que je m’offre autre chose, en fait, j’avais à chaque fois l’impression de perdre un peu la tête lorsque je faisais du shopping, emportée par une sorte de frénésie, je ne faisais plus attention au montant – où du moins très peu – et ne réalisais la somme de dépense qu’en faisant mes comptes. Hum… mon banquier ne devait pas être très content, mais pour l’heure je n’y pensais guère, j’entrais chez Sephora, trainais longuement dans les rayons Urban Decay, Benefit et Make Up for Ever, imaginais laquelle des couleurs O.P.I. je pourrais déposer dans mon panier. J’optais pour une primer chez Urban Decay ainsi qu’une petite palette de fards, la fameuse « black palette » que j’avais pu voir à droite à gauche, un anti-cerne de chez Benefit et un fond de teint MUFE vinrent compléter mon panier et je choisis soigneusement de ne pas acheter de vernis pour l’instant, d’autant que, si l’on y réfléchissait bien, les bons plans des blogueuses étaient tout de même d’acheter pas mal de ces produits sur les sites US. Je passais ensuite chez MAC - cosmetics, pas un i-store – et me laissais tenter par Phloof ! LA référence en touche lumière. Je résistais à la tentation d’acheter un 217, ce pinceau estompeur dont j’avais entendu parler mais qui coûtait à lui seul la modique somme de 24€ ! Même pour une dépensière dans mon genre, cela paraissait hors de prix. 

Craignant de dépenser un peu plus j’ignorais ostensiblement toutes les vitrines qui croisèrent mon chemin pour me diriger directement vers le métro. 

En rentrant je couvais mes petits trésors du regard, des nouveautés, des choses à tester, je pourrais réaliser des « reviews » sur ces produits, cela me ferait quelques articles. Je regardais mes factures et rougis doucement, j’en avais pour environ 135€, au dernier moment, le blush Orgasm, de NARS, avait sauté dans mon panier chez Sephora, augmentant encore la facture… J’allais devoir veiller à mes prochaines dépenses, il ne s’agissait pas de se ruiner… Cette petite prise de conscience passée, j’ouvris les emballages et arrangeait mes produits en une sorte de petite mise en scène sympathique pour les prendre en photo – si vous tenez un blog beauté, vous connaissez ce petit rituel. J’en pris une dizaine, espérant avoir quelque chose de bien dans le lot. 

Par bonheur, j’étais assez bien équipée de ce côté. Enfin par bonheur… Mon appareil actuel était hérité de ma précédente relation amoureuse. Benjamin était passionné de photo, passionné… ou obsédé, ça dépend du point de vue. Pour ma part, quand une passion devient si envahissante on peut se poser des questions, impossible de faire un pas sans qu’il prenne une photo. Evidemment il était bien équipé, et quand il avait vu mon minable appareil compact dont les piles se vidaient au bout de dix photos prises, il m’avait offert un réflex… et avait du m’expliquer comment m’en servir. 

Nous nous étions quitté en assez bons termes pour que je ne le lui ai pas envoyé à la figure – et à l’instant je m’en félicitais. Ben était tout simplement venu me voir un matin, m’expliquant qu’il avait fait une nouvelle rencontre, une nana aussi passionnée que lui et qu’il ne pouvait la laisser filer. Il n’avait pas chercher d’excuses ni pour moi ni pour lui et m’avait laissée plus stupéfaite que triste. Peut-être n’avions nous finalement pas assez de choses en commun pour que je m’attache réellement à lui… C’est pourtant la fin de cette histoire qui avait été l’élément déclencheur, celui qui m’avait fait quitter Paris.

Je reportais mon attention sur mes produits, les mettais pour la plupart à l’abris de Lily. Je « swatchais » ensuite la palette de fards. Faire un swatche consiste simplement à appliquer la couleur sur sa peau et la prendre en photo – en espérant que la luminosité soit suffisante pour avoir quelque chose d’assez proche de la réalité.  Je repérais ensuite quelque chose d’assez simple à reproduire et réalisais mon premier maquillage pour le blog. Si c’était loin d’être aussi impeccable que mon modèle, ce premier essai fut assez satisfaisant pour que je le prenne également en photo. Photos que je recadrais pour ne prendre que mes yeux. Je ne savais pas encore vraiment si je voulais montrer mon visage ou bloguer de façon plus anonyme. 

D’ailleurs, devais-je en parler à mes amis ? Attendre que cela fonctionne et aie un minimum de succès peut-être… Je ne savais pas vraiment quelle position adopter à ce sujet. Ma vie virtuelle de blogueuse-beauté resterait sans doute au moins pour un temps, une sorte de secret…

lundi 3 janvier 2011

1. le blog

La journée avait été longue. Je tournais la clé dans la porte, jetais mon sac à main et mon manteau sur le canapé, et m’affalais dedans pour découvrir mes achats. Je sortais avec délices une robe-pull bleue marine, en laine toute douce de son sac et examinait les collants en dentelle que j’avais acheté pour les porter avec. Une écharpe de soie crème au motif de fleurs couleur chocolat complèterait magnifiquement la tenue. Je soupirais, enlevais les étiquettes de mes achats et enfoui les tickets de caisse au fond des sacs que je roulais tous en boule dans un coin d’un placard.

Lily, le chaton noir aux yeux vert – ma petite panthère - qui était entré dans ma vie quelques jours plus tôt s’éveilla de son lourd sommeil et vint vers moi en poussant des miaulements aigus, comme pour me reprocher de ne pas l’avoir réveillée à mon arrivée. Encore trop petite pour sauter sur le canapé, elle se fit un devoir d’escalader la jambe de mon pantalon noir, puis s’installa au creux de mon cou en ronronnant de bonheur.

Mon estomac gargouilla, quelques heures plus tôt, j’avais passé un entretien, et comme pour les quelques entretiens que j’avais pu passer ces derniers mois, je savais que je ne donnerais pas suite. Le job pourrait être intéressant, s’il ne cachait pas une forte dose de sale boulot et un salaire plus que minable. Sans compter que le job pour lequel j’avais passé un entretien ce matin aurait réclamé que j’achète une voiture étant donné l’endroit assez peu accessible où il était situé, et je n’en avais actuellement pas les moyens.

Evidemment, face à cette déconvenue, j’avais soudain eu une folle envie de shopping et je n’avais pas pu résister à cette jolie robe au moment où je l’avais vue dans la vitrine. Et comme toujours depuis quelques mois, mon incursion au centre ville avait été une course rapide, sans prendre le temps de m’intéresser à la ville, à ses salons de thé ou autre. Se balader ou pire, s’installer dans un salon de thé, seule, était quelque chose que je n’arrivais pas à me contraindre de faire. Je concevais cela comme le comble du triste.

Je soupirais. Un dernier entretien. Une nouvelle déception.

J’avais déménagé depuis plusieurs mois maintenant en province. Ex-parisienne repentie, j’avais tout lâché, y compris mon job, pour quitter Paris. Ras-le-bol de cette vie ultra-pressée ou on prenait tout juste le temps de réellement vivre, ras-le-bol de ce ciel gris, des gens moroses. Grignoter le matin un petit déjeuner rapide avant de courir jusqu’au métro en espérant avoir une rame pas trop bondée, de préférence entourée de gens qui auraient pris une douche avant de se lancer à l’assaut d’une journée. Me rendre au boulot, déjeuner sur le pouce d’un sandwich ou d’une salade achetée rapidement chez le traiteur du coin, rentrer chez moi sous la pluie, après quarante minutes environ de métro supplémentaire. Eventuellement, si je n’étais pas trop crevée, prendre une douche, me changer, aller boire un verre avec des amis puis rentrer – de préférence en se faisant raccompagner – et dormir. Les jours se suivaient et s’enchaînaient sur la même trame, supprimant le plus souvent le verre avec les amis, car trop fatiguée pour le faire.

Sans compter l’enchainement de petits amis rencontrés dans les bars, soirées after-work ou boites de nuit. Très souvent des histoires sans lendemain ou très peu, qui se terminaient en queue de poissons par un « c’est pas toi, c’est moi… », des larmes et une soirée entre filles ou on finissaient ivres à raconter les pires horreurs sur les mecs et combien on avait pas besoin d’eux, suivie d’une journée à pleurer toutes les larmes de mon corps.

J’avais grandi dans la proche banlieue parisienne, fait mes études à Paris, commencer à travailler là-bas, et puis, après des vacances dans le sud, j’avais décidé que je n’en pouvais plus de cette vie !

J’avais tout lâché, et décidé – malgré l’incompréhension générale de mes amis, parisiens de pure souche pour la plupart – de m’exiler dans le sud. Le sud où il faisait bon vivre, ou le climat et les gens étaient plus généreux, où l’on ne perdait pas deux heures de sa vie chaque jours dans les transports, où les loyers étaient plus abordables, etc… Mais, malheureusement pour moi, ou les emplois se faisaient aussi plus difficiles d’accès.

Et malgré tout je m’entêtais, j’espérais de tout mon cœur ne pas m’être trompée, ne pas avoir à retourner à la vie Parisienne.

J’allumais mon ordinateur portable et profitais des ronronnements de Lily en attendant qu’il s’allume. Il me restait à passer l’après-midi. J’avais passé toute la journée de la veille en recherche d’emploi, je n’avais pas envie de regarder une série pour l’instant, me restait internet.

Je posais le portable sur mes genoux, en prenant soin de ne pas déranger la boule de poils qui restait installée dans le creux de mon cou et ouvris une page internet. Pas de nouveaux mails – cela équivalait à pas de réponses aux CV envoyés. Je passais de page en page dans mes favoris pour voir les nouveautés et m’arrêtais sur un des blogs beauté que je fréquentais depuis quelques temps.

Aujourd’hui, pour l’entretien, j’avais fais un effort, mais après presque un an de recherche infructueuse, une petite dépression s’emparait de moi, et moi la parisienne stylée, ne faisait plus beaucoup d’efforts pour être présentable. Les blogs beauté me rappelaient cruellement cela. Encore que, si j’avais toujours fais attention à mon image, usant de fond de teint et mascara comme beaucoup de jeunes femme, je n’étais pas aussi expertes que les jeunes femmes que je voyais sur ces blogs. Elles parlaient de marques que je ne connaissais pas ou peu, de maquillage au pinceau – j’avais toujours utilisé mes doigts, à part, peut-être pour le blush, mais j’en portais si peu - de cent sortes de démaquillants. Je l’avoue, depuis que je lisais ces blogs, je m’étais laissée tenter par certains produits.

Un demi-heure plus tard, j’avais fais le tour de mes sites quotidiens, et je m’ennuyais. Je tournais en rond une ou deux fois dans l’appartement, pris un livre et le reposais, et décidais de faire un peu de rangement dans la salle de bain.
Je vidais le placard et retombais sur tout un tas de vieux produits, ma crème Dove devait bien avoir trois ans, je jetais le pot – saviez-vous qu’il y a une date limite sur tous ces produits ? – et me promis d’aller m’acheter une vraie crème adaptée à ma peau le lendemain. Et puis tout en étalant fards et rouges à lèvres devant moi, une idée germait dans mon esprit. Je n’avais ni produits MAC, ni Make Up For Ever – MUFE pour les intimes – encore moins une base Urban Decay, seulement des produits Bourjois, Maybelline, de petites choses que j’avais collectionné pendant ma vie d’étudiante, mais qui, finalement ferait sans doute une bonne base de départ. Je vidais les produits périmés ou séchés dans la poubelle, puis allait chercher quelques boites, quelques verres pour ranger soigneusement le reste des produits. Je re-découvris ainsi une pochette contenant des petits pinceaux Sephora – que j’avais sans doute eu en cadeau un jour – et les posait également dans un pot. J’étalais le tout et sourit. Et pourquoi pas ?

J’avais besoin de ce challenge fou, d’une motivation, de quelque chose qui m’oblige à me lever tous les jours. Je continuais à ranger tout en réfléchissant. Lorsque je m’installais à nouveau dans le canapé et reposais le portable sur mes genoux, ce fut pour ouvrir mon tableau de bord blogger – j’y possédais déjà un vieux blog – et cliquer sur créer. Le nom n’était pas encore tout à fait établi dans ma tête et il me fallu plusieurs heures pour le déterminer : The Violet Girl était né, et moi, j’étais Liz, sa rédactrice.